Masculin, féminin, sexuée la communication en entreprise ?

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Loin des stéréotypes habituels, force est de constater que nous ne communiquons pas de la même manière, que nous soyons un homme ou une femme et d’autant plus si notre fonction est identique au sein d’une entreprise. De nombreuses études révèlent en effet que les spécificités jouent sur plusieurs registres. L’entreprise, masculine à l’origine, a d’emblée opté pour une communication directe, voire directive. L’homme a une tendance (ce n’est pas une généralité, loin de là !) à s’exprimer en premier, quel que soit le sujet. Et l’on constate que la grande différence est quasi comportementale. Si les hommes apprécient une structure hiérarchique, les femmes, elles, préfèrent les organisations collaboratives. C’est le facteur relationnel qui est au cœur de la communication féminine. Nos alter ego préféreront agir, quitte à s’excuser par la suite alors que nous attendons souvent l’approbation de nos pairs, voire de nos chefs si nous travaillons dans une structure verticale, pour passer à l’action.
Si lors de la communication sur une nouveauté, ces messieurs présentent d’emblée les performances du produit, jouant sur les chiffres, s’appuyant sur des tableaux, les partenaires féminines sont avant tout à l’écoute des besoins de l’entreprise et si les chiffres sont bien présents, ceux-ci parleront bien plus vite des apports à la clientèle que des chiffres de vente et de l’efficacité du produit par rapport à la concurrence. Il n’y a évidemment, ici, ni bonne ni mauvaise manière de communiquer… elles sont en fait plutôt complémentaires. Le mieux étant de prendre conscience des mécanismes et, au sein d’un groupe, de tendre vers la parité. Puisque le leadership situationnel conseille d’adapter son comportement et l’accompagnement des travailleurs au sein d’une équipe en fonction de la personne supervisée pour améliorer la progression et le mieux-être du groupe, pourquoi ne pas appliquer ces principes à la communication ? Ce qui se fait à l’intérieur se voit à l’extérieur… Une bonne communication interne joue positivement sur l’image d’une entreprise. Quel meilleur porte-parole qu’un travailleur pour sa société ??
A lire : le Blog RH by Kurt Salmon
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La synergologie, kesako ?

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Discipline créée par Philippe Turchet en 1996, elle entre de plein pied dans le champ de la communication interpersonnelle. En analysant le non verbal dans ses plus petits détails, la synergologie permet l’interprétation de micro gestes ainsi que de rituels dans le but de décoder la communication pour en améliorer la qualité, déceler les mensonges et les mal-être.

Décrié par certains, adulé par d’autres, cette approche propose une autre grille de lecture de langage non-verbal.

Pour rappel, la communication se répartit comme telle :

  • 7 % verbale (les mots)
  • 38 % vocale (ton de la voix, débit…)
  • 55 % visuelle (communication non verbale)

La synergologie relève plus de 2500 gestes dont la grande majorité sont non conscients.

En postulant l’idée que la communication interpersonnelle est systémique et que la transmission d’un message est portée par différents facteurs tels que psychologiques, culturels, idéologiques et /ou physiologiques, la synergologie s’intéresse plus particulièrement aux mouvements des mains, des pieds, à l’étude du visage et a permis, lors d’une modélisation des observations, de déterminer un lien entre émotion et gestuelle.

Un autre constat est que, au-delà des aspects culturels acquis, les gestes inconscients émotionnels se détachent des apprentissages sociaux et que certains micro gestes sont en fait universels.

Un exemple assez flagrant est la position des pieds d’un individu assis. Dans un environnement sécurisant, familier, les gens ont tendance à positionner leurs pieds sous la chaise voire autour des pieds du siège. Dans un cadre plus formel, moins agréable, nous positionnerons nos jambes en ancrant les pieds au sol. La différence essentielle de ces deux attitudes est le fait de pouvoir se mouvoir rapidement. Ancrés au sol, les pieds permettent un lever rapide, un mouvement de départ. Positionnés sous une chaise ou entourant les montants (parfois étendus sous la table), quitter son emplacement en une fraction de seconde devient beaucoup plus problématique. On peut donc en déduire que dans le premier cas, la personne se sent bien, alors que dans le second, elle se trouve en dehors de sa zone de confort, est émotionnellement fragilisée ou souhaite être prêt à prendre l’ascendant sur son interlocuteur ou sur la situation.

Les rituels quant à eux transmettent un message direct à l’interlocuteur. Rafael Nadal, avant de servir sa première balle, accomplit sept gestes, toujours dans le même ordre. Il remonte son short, descend son slip, recoiffe ses cheveux derrière ses oreilles pour repositionner son énergie, s’effleure le nez siège du stress, s’essuie le dessous des yeux, tire sur les épaules de son t-shirt pour se grandir et cale ses deux pieds dans la terre. Par-là, il signifie à son adversaire, qu’il est concentré, plus grand que lui et que le terrain est le sien. Ce n’est évidemment pas conscient et Nadal lui-même, lors d’une interview n’a pu expliquer les raisons de ce rituel. Il est vraisemblable d’au-delà de la communication inconsciente, ces gestes lui permettent de se concentrer et de vider son esprit pour être dans son match. D’ailleurs, ce type d’attitude se retrouve chez tous les champions, recherchant le « Flow », moment d’exception où l’esprit prend le contrôle total du corps.

Et le mensonge ? Turchet, en collaboration avec des membres de la police américaine a pu déterminer des gestes et surtout des micro démangeaisons prouvant que la personne travestissait la vérité. L’homme a tendance à écouter les mots alors que certaines parties du corps ne mentent pas, régis par le cerveau émotionnel et non par la raison.

Prendre le temps d’observer, d’étudier la gestuelle, complète parfaitement les diverses approches de la communication et permet d’enrichir les contacts interpersonnels.

Il faut toutefois rester prudent, aucune science humaine n’étant exacte et certains facteurs physiologiques, s’ils ne sont pas connus au premier abord peuvent biaiser l’analyse.